8 jours de trek sur les glaces du Lac Baïkal en autonomie
Au mois de Mars 2019, nous sommes events pour ce qui est, à ce jour, l’une des plus belles aventures que j’ai pu vivre : huit jours de trek en autonomie sur les glaces du lac Baïkal. Ce voyage, c’est une immersion dans une nature sauvage, mais non hostile. Une grosse centaine de kilomètres parcourus, de petits crampons vissés aux pieds. Des nuits sous la tente seules au monde. De la glace à perte de vue tantôt translucide, tantôt noire, toujours distinctive. Une tente cassée au beau milieu de nulle half. Des températures flirtant avec les -10°c la nuit. Et quelques kilos dans la pulka. En résumé, la Sibérie ? Magique ! Vous trouverez dans cet article le récit de cette aventure et, comme toujours, des conseils pour organiser à votre tour le voyage de vos rêves sur les rives gelées du lac Baïkal.
Les broches sont coincées dans la glace. Et je dois peser de tout mon poids pour les dévisser. D’un geste rageur, je retire mes moufles pour retrouver aussitôt un peu de dextérité. Il a gelé la nuit dernière. J’ai dormi par à-coups, réveillée tantôt par le froid qui s’insinuait dans mon cover, glissant mes mains sous mes côtes pour trouver un peu de chaleur, tantôt par les murmures de la glace. Des craquements sonores plus ou moins éloignés annonçant la création de nouvelles fissures quelque half sur la floor du lac Baïkal. La veille, nous avons quitté le confort douillet de notre auberge bouriate pour débuter notre voyage : 180 kilomètres de marche autour d’Olkhon, l’île principale du Baïkal. Un voyage à pieds, en autonomie et par les glaces.
La traversée de la Petite Mer, le fin détroit séparant le continent de la rive Ouest d’Olkhon, nous permet de nous familiariser avec notre nouvel environnement. Mes trois couches de vêtements, empilées pour résister au froid, me confèrent l’agilité d’un éléphant dans un magasin de porcelaine. Mes pieds sont emprisonnés dans de petits crampons et chacun de mes pas s’accompagne d’un crissement sonore et laisse son empreinte sur la floor miroitante du lac. Et puis il y a la pulka, dans laquelle j’ai entassé l’ensemble de mes affaires, que je traîne dans mon sillage. Parfois elle se retourne sans que j’y prenne garde, parfois c’est le vent qui la malmène, parfois elle colle contre la neige tombée durant la nuit, rendant ma development plus difficile.
Il nous faut deux jours pour rejoindre le port de pêche de Khoujir au nord-ouest de l’île. Khoujir n’est guère plus qu’un village aux airs de Far-West. Les maisons sont en bois et d’épaisses volutes de fumée s’échappent de leurs cheminées. Les maisons ne sont pas équipées en eau courante et il n’est pas uncommon de croiser un camion venu remplir les citernes qui ornent les jardins. Les routes ne sont pas goudronnées, jonchées de nids-de-poules, et durant les longs hivers sibériens, les bateaux sont prisonniers des glaces, à l’arrêt.
Notre arrivée à Khoujir se fait dans la douleur. La journée touche à sa fin et le soleil est bas dans le ciel. Je begin à ressentir un peu de fatigue après cette deuxième journée de marche mais Khoujir m’offre la perspective d’une nuit au chaud sans parler d’une bonne douche. J’aperçois le village au loin mais la distance nous séparant semble ne jamais diminuer et la fatigue ne fait qu’accentuer ce sentiment. Soudain, j’entends un premier craquement. Puis un deuxième… C’est la glace qui à l’difficulty d’une journée ensoleillée se met à se fissurer sous mes pas. Bien sûr, la glace est épaisse à cette période de l’année, près d’un mètre d’épaisseur par endroit, mais, par réflexe, je ne peux m’empêcher d’accélérer le pas tandis que j’aperçois une petite lueur de stress dans les yeux de Célia. A cinquante mètres de la terre ferme, l’hiver a figé les vagues du lac et c’est un véritable chaos de glace et de pics gelés, nous arrivant parfois jusqu’aux genoux, qu’il nous faut traverser. Les pulkas butent, se retournent et se coincent dans cet enfer blanc. Je suis harassée et l’agacement begin à me gagner. Alors je passe au système D. Je retire les harnais qui enserrent mon équipement, hisse mon sac sur mon dos et prends ma pulka à la most important. J’abandonne au passage une partie de notre matériel, en espérant le retrouver. Il me faudra deux allers-retours pour amener l’ensemble de l’équipement sur la berge.
Nous ne restons qu’une nuit à Khoujir. Et cela nous convient bien. Cette partie du Baïkal est plutôt touristique. A longueur de temps, des UAZ, de vieux combi soviétiques, évoluent sur la glace pour emmener des voyageurs à la découverte des cavernes qui se créent à l’arrivée de l’hiver et des hauts lieux de chamanisme de l’île. Ici, le tourisme est majoritairement asiatique. Lorsque nous dépassons le Cap Khoboy, une pointe rocheuse située à l’extrême-nord de l’île, nous renouons avec le calme et la solitude. Les véhicules ne peuvent plus s’aventurer aussi loin en raison des nombreuses failles qui se créent à la floor du lac : de longues zébrures faites de blocs de glace brisés, plus ou moins hauts, qui s’étendent en un dédale chaotique sur plusieurs kilomètres. Pendant trois jours, nous ne croiserons que quelques voyageurs russes à vélos ou chaussés de patins à glace.
La glace, c’est un peu “un membre à part entière” de notre voyage. On vit, on dort, on mange sur la glace. Elle est omniprésente, jamais semblable mais toujours fascinante. Je reste des heures à marcher, les yeux fixés sur mes pieds, à m’interroger sur la création d’une zébrure sous la glace, captivée par des bulles emprisonnées sous sa floor vierge. Les journées sont d’une blancheur monotone. On slalome entre les failles tout en longeant la côte escarpée d’Olkhon. Ici, il n’y a pas de route pour rejoindre la civilisation et les moyens d’accès à la terre ferme sont rares. On est face à l’immensité même si au loin, on aperçoit la côte Est du continent. La journée, mon cerveau est en pause. Je suis perdue dans mes pensées et je refais le monde. Je pense aux gens qui m’entourent parfois. Rarement au travail. Et de temps en temps, je fredonne. Le rythme est soutenu. On s’arrête peu. Juste le temps d’engloutir une barre de céréales et un peu de thé, assises à même la glace. Je ne compte ni les heures, ni les kilomètres.
Chaque matin, en ouvrant la toile de tente, on découvre un paysage sans cesse différent : de nouvelles failles créées au cours de la nuit, une glace au bleu intense illuminée par la lumière d’un soleil d’hiver, parfois même une neige épaisse qui rendra notre development plus difficile. Ce matin-là, lorsque je me glisse – difficilement – hors de la tente, je me retrouve face à un “white out” complete. Le brouillard enveloppe tout. Ciel et glaces se mêlent. Le Baïkal a perdu toute profondeur. La journée s’annonce longue. Je récupère à l’arrière de la tente de petits morceaux de glace découpés la veille au soir à l’aide d’une hache. Chaque matin, c’est le même rituel. On fait fondre de la glace sur notre réchaud pour y dissoudre du café en poudre puis on réitère l’opération pour remplir nos thermos. En parallèle, on begin à ranger duvets et matelas. Il nous faut près d’une heure pour plier le camps et nous mettre en marche. L’après-midi est difficile. On progresse le vent de face. Ici, la floor du lac est loin d’être airplane puisque l’hiver a figé avec lui vagues et remous à la floor. Malgré ces situations, on type de la baie dans laquelle on s’était engouffrées la veille après un peu plus de vingt-six kilomètres. J’en ai plein les pattes !
Vers 18 heures, on plante la tente et… PAF ! L’un des arceaux casse. Le vent est de plus en plus fort. On est au beau milieu de nulle half et, hormis des failles de glace, il n’y a pas d’abris possibles. Nous sommes à deux jours de marche du premier village. On se regarde. Clairement, on est mal barrées mais chacune d’entre nous prend sur elle pour ne pas communiquer sa panique aux autres. A coup d’opinel, on finit par “réparer” tant bien que mal l’arceau. On le glisse avec précaution sous la toile de tente et j’enfonce précautionneusement les broches dans la glace sans tirer la toile à l’excès. Mais il faut bien avouer que notre tente a désormais une attract singulière. Malgré tout, c’est une belle journée d’aventure : un grand nombre de kilomètres avalés, peu de pauses, et ce cap au loin qui se veut inaccessible ! Il fait froid pour cette nouvelle nuit sur la glace et je me plie en boule sous mon cover.
Pendant ces quelques jours le lengthy de la côte Est, on ne croise personne hormis quelques russes réalisant le tour d’Olkhon en patins à glace ou à vélo. Ce jour-là, une nouvelle perspective s’offre à nous : passer une nuit dans la cabane qui servit de lieu de tournage au movie “Dans les forêts de Sibérie” en 2016. Mais lorsqu’en milieu d’après-midi, nous commençons à apercevoir les contours de la cabane, nous apercevons aussi de nombreux sacs et paires de patins à glace alignés sur la berge. De la fumée s’échappe de la petite cheminée. Un jeune homme vient à notre rencontre. Il a pour nous entre ses mains des tasses de chocolat chaud dans lequel flottent de petits chamallows colorés. La chaleur s’infiltre dans mes mains. Bonheur absolu ! Mais très vite, on se retrouve à partager le déjeuner d’un groupe d’une dizaine de jeunes russes d’une petite vingtaine d’année installés depuis la veille dans la cabane sibérienne. Une enceinte diffuse de la musique électro. Le contraste est complete, un peu violent, après plusieurs jours de solitude. Ils nous proposent de nous serrer pour passer la nuit avec eux au chaud. On préfère décliner l’invitation. C’est notre dernière nuit avant de boucler le tour d’Olkhon. On choisit de passer cette nuit sur la glace, à l’abris d’une faille, en croisant les doigts pour qu’un nouvel arceau ne cède pas.
La nuit dernière, le vent a soufflé fort. Et Célia s’est réveillée à plusieurs reprises afin de vérifier que les pulkas restent bien attachées. Au petit matin, le Baïkal est recouvert d’un épais manteau blanc. Décidemment, nous aurons éprouvé tous les sorts de météo durant ce trek ! On met aussi un peu plus de temps à se préparer que la veille, remplissant nos thermos de soupe afin d’anticiper la pause déjeuner. On se prépare à avaler à nouveau 25 kilomètres avec le vent de face et des bourrasques de neige. Mais ce sont nos ultimes kilomètres puisqu’aujourd’hui, nous bouclons le tour de l’île. Chaque fin de trek est difficile pour moi. Je suis sans cesse partagée entre l’excitation de mettre un level last à cette aventure et le remorse de retrouver une “vie normale”. Lorsqu’on parvient à la pointe sud de l’île, notre avancée est légèrement ralentie. La pointe est beaucoup plus exposée au soleil et certaines failles sont entourées de flaques d’eau. La glace begin à fondre. Il nous faut alors faire plusieurs détours. Les derniers kilomètres sont les plus douloureux. On croise quelques banias, on aperçoit quelques pêcheurs aussi. Et puis, on atteint à nouveau la terre ferme et notre guesthouse. Mon émotion est intense :
- On a traversé le Baïkal durant la saison hivernale.
- On a géré les nuits à -10°c sous la tente sans trop souffrir avec un arceau cassé.
- On envisage désormais de tout plaquer pour vivre dans une cabane au bord d’un lac gelé.
- La Sibérie ? Complètement magique !
Pour se rendre sur les rives du Baïkal, il faut d’abord emprunter un premier vol de trois heures jusqu’à Moscou pour un second vol de 5 heures et 40 minutes jusqu’à Irkoutsk. Nous avons acheté nos billets d’avion auprès de la compagnie nationale russe Aeroflot. Un billet aller-retour de Paris à Irkoutsk nous a coûté environ 550€ chacune. Pour visiter la Russie, il vous faudra également un visa. Le visa tourisme n’est pas complexe à faire. Il faut simplement prendre le temps d’en faire la démarche, se munir d’une lettre d’invitation d’un hôtel, une assurance voyage, une photograph d’identité et remplir le formulaire officiel sur VFS Global. Le visa tourisme nous a coûté à peu près 65€ chacune. Il faut compter deux à trois semaines pour recevoir son visa.
A QUELLE PERIODE VISITER LE LAC BAÏKAL ?
La meilleure période pour découvrir le lac Baïkal en hiver s’étend de la dernière semaine de Février à la première quinzaine du mois de Mars. A cette période-là, les températures sont bien plus douces. Lors de notre voyage, le thermomètre atteignait les 0°c la journée et -10°c en pleine nuit. A cette période, la glace est parfaite, suffisamment épaisse pour nous permettre de littéralement “vivre” dessus, de traverser ses incroyables failles, visiter les cavernes naturelles qui se forment à l’arrivée de l’hiver et découvrir les différentes îles et stupas qui jalonnent la plus grande réserve d’eau douce au monde. Après la première quinzaine de Mars, la glace begin alors à fondre par endroit et de plus en plus de failles se créent de half et d’autres du lac, il devient alors plus dangereux de s’aventurer sur la glace.
QUE FAIRE SUR LE LAC BAÏKAL EN HIVER ?
Il existe plusieurs façons de découvrir le lac Baïkal durant la période hivernale. La première, c’est celle que nous avons choisi : le trek en autonomie et par la glace. Nous avons fait le tour d’Olkhon en sept jours – soit 180 kms à pieds. Durant cette aventure, nous avons croisé très peu de monde seuls quelques russes réalisant le même itinéraire mais en patins à glace (le rêve !) ou en vélos avec des pneus à clous. Il est aussi potential de réaliser la traversée du Baïkal en trois jours en allant d’Oulan-Oudé au village de Maksimikha sur la rive Est à la station météorologique d’Uzur sur la rive Ouest d’Olkhon. Là, il faut s’arranger pour trouver un transport et regagner Khoujir, le principal village d’Olkhon. Autour d’Uzur, il y a très peu d’habitations. Enfin, il est potential de visiter le lac Baïkal en voiture. Chaque jour, en hiver, des UAZ, de vieux combis de l’ère soviétique, traversent le lac et amènent des voyageurs à la découverte des cavernes de glace qui se créent pendant l’hiver, des stupas qui ont été bâtis sur les autres îles ou encore de factors d’intérêt comme le cap Khoboy, la pointe nord de l’île. Sur place, il est aussi potential de tester un Bania, un bain russe traditionnel. A Khoujir, vous trouverez diverses options d’hébergement mais ils sont vite pris d’assaut. Nous avons passé une nuit à l’Hotei Guest House lors de notre passage à Khoujir. Au petit-déjeuner, je vous conseille de goûter la Kacha, une sorte de porridge russe. Avant de partir pour le Baïkal, pensez à vous équiper d’une petite paire de crampons afin de pouvoir marcher sur la glace.
A LIRE AUSSI : Comment s’équiper pour un voyage dans le Grand Nord ?
DORMIR DANS LA CABANE DE SYLVAIN TESSON “DANS LES FORÊTS DE SIBÉRIE”
Sur la côte Est d’Olkhon, la principale île du lac Baïkal, se trouve une reconstitution de la cabane de Sylvain Tesson réalisée pour le tournage du movie “Dans les forêts de Sibérie” – la vraie cabane de Tesson se trouvait à près de 5 heures de là sur la rive Ouest du lac. Après le tournage du movie, la cabane a été laissée en l’état. L’hiver, elle est occupée par les randonneurs et patineurs de passage. Le confort y est plutôt sommaire. On y trouve un vieux poêle qui permet de chauffer l’distinctive pièce qui s’enfume très vite et, un peu plus loin, au bord du fleuve, il y a un bania, un bain russe traditionnel.
VOYAGER EN SIBÉRIE AVEC ANASTASIA TSAREVA
Comme lors de notre voyage en immersion chez les Nenets, nous sommes events en trek sur le lac Baïkal avec Anastasia Tsareva. Anastasia est une jeune information d’aventure parfaitement francophone. Elle organise depuis plusieurs années maintenant des voyages d’aventure à travers la Russie. Aventure sur la glace du lac Baïkal, randonnée à la découverte des volcans du Kamchatka, voyage photographs dans l’Altaï en automne… Anastasia suggest des voyages adaptés à tous les voyageurs selon leurs rêves et leurs envies. De notre côté, on recommande Anastasia les yeux fermés pour son professionnalisme ! Nos voyages en Sibérie figurent parmi nos plus beaux souvenirs. N’hésitez pas à la contacter directement sur son web site Anastasia Voyages.
Cette randonnée hivernale sur le lac Baïkal fut sans aucun doute l’un de nos plus beaux voyages alliant aventure, dépaysement et dépassement de soi. Vous retrouverez sur ce weblog bien d’autres articles sur les voyages en Terres Polaires pour vous inspirer, des ressources pratiques afin de choisir votre équipement pour un voyage dans le grand nord mais aussi d’autres idées d’aventures en Sibérie chez les Nenets de la Péninsule du Yamal.